Lars von Trier – Melancholia: The Diamond

« Je souhaite compléter chaque film par un monument – un monument en diamant. Indestructible ! Autrement dit, je veux ajouter un paramètre supplémentaire aux quatre critères universels d’un diamant taillé – taille, couleur, pureté, poids –, à savoir la créativité ! »

– Lars von Trier

Lars von Trier est une voix que la culture contemporaine écoute avec un plaisir toujours teinté d’appréhension. Que va-t-il encore dire et faire ? Son imprévisibilité fait partie intégrante de notre plaisir. Pour la première fois en plus de vingt ans, il présente une nouvelle œuvre créée cette fois pour un contexte d’exposition.

Le premier documentaire que Lars von Trier a réalisé, à l’école de cinéma, concernait le diamant. Depuis lors, sa fascination pour ces pierres précieuses ne l’a jamais quitté. Il y a quelques années, il a lancé l’idée « de retravailler des diamants soigneusement sélectionnés et présentant chacun un lien thématique avec l’un de ses films. »

Le M HKA, le Musée d’Art contemporain d’Anvers, à l’immense plaisir de présenter Melancholia: The Diamond en partenariat avec Von Trier en personne, Marianne Slot et le producteur Leonid Ogarev, qui a lancé et soutenu ce projet d’exposition innovateur – certainement pour le M HKA, mais aussi pour Lars von Trier. L’exposition et l’événement Melancholia: The Diamond, à la fois une idée et un monument autoproclamé, subvertit et reformate notre compréhension du divertissement, de l’interactivité, de l’expérimentation artistique et de la réflexion critique – tout ce dont se composent les musées d’art contemporain.

Pour réarticuler la quintessence de son film Melancholia, sorti en 2011, Von Trier a fait tailler de manière ambiguë une étrange paire de diamants – deux pierres qui se sont soudées l’une à l’autre il y a des millions d’années : ni brutes, ni entièrement polies sur toutes les facettes comme le requiert l’industrie du diamant. Pour autant qu’on sache, il s’agit de l’unique diamant de cette catégorie (environ 12 carats) à avoir été modelé en mode de pensée plutôt qu’en œuvre d’art portable. Il ne peut être monté en bague ou en broche ; il ne peut qu’être tenu et observé par un spectateur inspectant ses irrégularités soigneusement calibrées.

Dans L’image-temps, son deuxième livre sur le cinéma, Gilles Deleuze invente le terme d’image cristal pour décrire non seulement les complexités de l’effet de miroir, mais aussi la manière dont le passage du temps peut être contracté en un point extrême. Comme pour l’illustrer, Von Trier expose son diamant au M HKA dans la grande salle triangulaire au plafond très haut, sous trois formes différentes : comme l’objet lui-même, comme texte mural écrit par Von Trier et comme expérience de réalité virtuelle à vivre de manière individuelle pendant deux minutes au maximum.

Cette simulation manipulable en temps réel des diamants jumeaux – développée et produite par Leonid Ogarev à Moscou – est une innovation à la fois dans le monde de l’art contemporain, dans celui de la réalité virtuelle et celui du diamant. Elle permet à tout un chacun de voir une pierre comme si elle était en effet le résultat probable du film Melancholia : une planète jumelle morte qui tournoie dans un espace noir. On peut la tenir, la faire tourner, la repousser, en rêver et même pénétrer sa surface à moitié polie, à moitié brute et errer dans un univers intérieur de lumière.

Le diamant a été taillé par ANTWERP CUT – Mike Akiki. La réalité virtuelle a été produite par la responsable numérique d’IP OGAREV, Anastasiya Tarasova. L’exposition est coordonnée par le commissaire d’exposition senior du M HKA, Anders Kreuger.

Melancholia: The Diamond est accompagné d’un programme complet de projections à Cinema Zuid, le cinéma d’art et essai du M HKA. Tous les films de Lars von Trier y seront présentés durant les mois de février, mars et avril 2019, y compris le dernier en date The House That Jack Built.