UNIVERSAL FOLKLORE / FARAH ATASSI & TRAMAINE DE SENNA

Les œuvres de Farah Atassi et Tramaine de Senna témoignent, tout comme chez Constant Permeke, d’un grand intérêt pour les motifs folkloriques. Ces artistes copient et mélangent le langage visuel d’objets qui se situent souvent dans le contexte de l’ethnographie ou du design tels que des tapis, des masques ou des jouets. Durant la première moitié du vingtième siècle, Permeke et divers de ses contemporains ont repris dans leurs tableaux les formes de masques et de sculptures africains. Ils étaient animés en cela par une fascination pour les qualités esthétiques de ces objets. Ensuite, les artistes ont été de plus en plus nombreux à étudier le contexte entourant les objets et ont pris conscience de leur regard subjectif par rapport à « l’autre ». Des artistes comme Farah Atassi et Tramaine de Senna analysent des motifs similaires que l’on retrouve à divers endroits dans le monde dans des objets aussi bien artistiques que fonctionnels. Elles vont à la recherche des couches de signification au sein de ce langage visuel globalement reconnaissable. En s’appropriant des formes issues de différentes périodes et de différentes parties du monde, Farah Atassi et Tramaine de Senna créent un langage formel folklorique universel comportant une multitude de références au niveau externe et interne. De cette manière, elles revalorisent des objets qui ne sont pas considérés comme de l’art et refusent la distinction entre haut et bas art ou entre contexte ethnographique et artistique. Ainsi, les peintures de Farah Atassi renvoient en même temps au design post-moderniste des années quatre-vingt, à l’art abstrait européen, aux tapis marocains, aux carrelages ornementaux d’Europe de l’Est, aux motifs Amérindiens, etc. Quant à Tramaine de Senna, elle crée des sculptures et des peintures dans lesquelles elle se réfère entre autres à l’architecture des gratte-ciel, aux dessins des bottes de cow-boys, aux peintures de sable navajos et aux formes – eh oui – de My Little Pony.