l’Eurasie - Un paysage de mutabilité

Alighiero Boetti, Anatoly Osmolovsky, Babi Badalov, Basir Mahmood, C. K. Rajan, Cevdet Erek, Damian Le Bas, Deimantas Narkevičius, Elena Vorobyeva & Viktor Vorobyev, Etel Adnan, Evgeny Antufiev, Femmy Otten, Goshka Macuga, Gulnara Kasmalieva & Muratbek Djumaliev, Haegue Yang, Hüseyin Bahri Alptekin, Ieva Rojūtė, Ilya & Emilia Kabakov, Ives Maes, Izmail Efimov, Janek Simon, Jimmie Durham, Joseph Beuys, K. P. Krishnakumar, Koka Ramishvili, Lee Bul, Lin May Saeed, Metahaven, Michèle Matyn, Nam June Paik, Oleg Kulik, Pedro G. Romero, Qiu Zhijie, Ria Pacquée, Sara Sejin Chang (Sara van der Heide), Shigeko Kubota, Slavs and Tatars, Suchan Kinoshita, Taus Makhacheva, Thea Gvetadze, Ulay, Vlad Monroe, Yayoi Kusama/Harrie Verstappen, Zheng Mahler, plus des articles de Stichting Egress Foundation fondé par Seth Siegelaub.

Projets de recherche : Dina Akhmadeeva, Pejvak. Projet spécifique : Grace Tjang (Grace Ellen Barkley).

Programme de films à De Cinema développé en collaboration avec Electric Shadows.

Architecture de l’exposition : Samyra Moumouh.

Le concept d’Eurasie évoque une myriade d’idées différentes concernant des paradigmes géologiques, idéologiques, culturels, raciaux et artistiques. Abritant les trois quarts de la population mondiale (ainsi que les trois quarts des ressources énergétiques de la planète), le supercontinent eurasien est également le foyer d’une grande pluralité de cultures. Il s’agit d’un espace où les visions historiques, contemporaines et futuristes coexistent, interagissent et mutent. De l’antiquité aux horizons culturels à venir, l’Eurasie a accueilli la libre circulation des échanges, et possède plus que jamais une capacité de réflexion et de transformation culturelle transnationale ou plutôt supranationale, remplaçant les distinctions artificielles « d’Asie » et « d’Europe ».

L’Eurasie nous montre à quel point nos perceptions du monde fluctuent. Présage de la mondialisation bien avant la lettre, la route de la soie fut près de deux millénaires durant le moteur et l’âme de l’interaction culturelle et économique entre l’Orient et l’Occident. La conquête des Amériques et les appréhensions de l'humanité a ensuite étendu le monde. Aujourd’hui, suite à l’échec rapide du monde unipolaire d’après 1989 et du « nouveau mondialisme » corollaire, l’émergence d’un nouvel équilibre des pouvoirs déploie un nouvel horizon pour l’Eurasie. Contrairement aux États-nations, l’Eurasie est ambiguë, elle abrite un nombre croissant de nouvelles modernités et de sphères d’influence. Si nous pouvons rétrospectivement prendre conscience des notions historiques d’Eurasie, d’eurasianité et d’eurasianisme, sous toutes leurs formes utopiques et dystopiques, nous devrions également chercher à saisir leur dimension d’avenir.

L’exposition EURASIE – Un paysage de mutabilité cherche à cartographier les pratiques et les échanges innovateurs qui reflètent la pluralité des cultures, des coopérations et des conceptions de l’Eurasie, avec toutes ses innovations et ses frictions. Inspirée par l’imagination des artistes, l’exposition envisagera l’Eurasie comme un paysage de mutabilité. EURASIE explorera les transformations et la multipolarité croissante du supercontinent, reflétant le flux de pratiques, de communications et d’échanges culturels. Elle posera les questions suivantes : comment l’Eurasie a-t-elle inspiré les artistes et les penseurs au cours de l’histoire et quelles variations observe-t-on à travers le supercontinent ? Quel peut être son potentiel artistique et quels espaces de spéculation offre-t-elle ? Quels nouveaux réseaux d’échange et de mutabilité peuvent être établis ? Et quelles frictions créatives peut-on trouver dans ses paramètres ? Nous considérerons l’Eurasie comme un espace culturel et géopolitique en devenir. À travers une méthodologie incarnant son contenu, EURASIE sera une exposition de la mutabilité.

Avec des références allant des échanges entre Nam June Paik et Joseph Beuys (dont le dialogue à long terme s’intitulait EUR-ASIA), aux explorations de Marco Polo, au lyrisme de la poésie de Marina Tsvetaeva, à la combinaison de géographie naturelle et d’anarchisme de Piotr Kropotkine, et aux machinations de 1984 de George Orwell, nous nous penchons sur le paysage eurasien contemporain. Nous examinons le travail d’artistes qui reflètent la mutabilité de la culture et qui ont développé des pratiques expérimentales pour inventer de nouvelles formes de communication et de circuits d’échange. Tout en explorant la tension entre visions utopiques et dystopiques, EURASIE recherche des perspectives transdisciplinaires, transculturelles et dialogiques pour prendre en considération la profusion d’intelligence artistique à travers le supercontinent.

La conscience naturelle du M HKA est celle de la multipolarité, avec l’Eurasie comme espace culturel et conceptuel. De fait, l’Eurasie constitue un élément clé de la trajectoire artistique et de l’image du M HKA depuis plus de quinze ans. Ce bloc continental de « l’ancien monde » qui précède les notions « d’Europe » et « d’Asie » a nourri les échanges d’objets, de pratiques, de personnes et d’idées pendant des millénaires, menant à de grandes avancées philosophiques et culturelles. Le M HKA a pris des engagements envers des artistes des anciens États soviétiques, d’une grande partie de l’Asie et du Moyen-Orient, ainsi que de son environnement immédiat, l’Europe et la région « Eurocore ». Ce projet vise à consolider l’engagement à long terme du M HKA envers la pluralité de la culture qu’on trouve en Eurasie.

EURASIE – Un paysage de mutabilité fait partie du projet ‘Our Many Europes’ de la confédération ‘L’Internationale’, qui réunit sept institutions d’art moderne et contemporain.

EURASIE – Un paysage de mutabilité est organisée par :

Joanna Zielińska, commissaire d’expositions, M HKA

Nav Haq, directeur associé, M HKA

L’Internationale

L’Internationale est une confédération de sept institutions d’art moderne et contemporain. L’Internationale propose un espace pour l’art au sein d’un internationalisme non hiérarchique et décentralisé, fondé sur les valeurs de la différence et de l’échange horizontal entre une constellation d’agents culturels, à l’enracinement local, mais reliés au niveau global. L’Internationale réunit sept grandes institutions artistiques européennes : Moderna galerija (MG+MSUM, Ljubljana, Slovénie) ; Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía (MNCARS, Madrid, Espagne) ; Museu d’Art Contemporani de Barcelona (MACBA, Barcelone, Espagne) ; Muzeum Sztuki Nowoczesnej w Warszawie, (MSN, Varsovie, Pologne) ; Museum van Hedendaagse Kunst Antwerpen (M HKA, Anvers, Belgique) ; SALT (Istanbul et Ankara, Turquie) ; Van Abbemuseum (VAM, Eindhoven, Pays-Bas), et les institutions partenaires HDK-Valand Academy (Göteborg, Suède) et le National College of Art and Design (NCAD, Dublin, Irlande).

À propos d’Our Many Europes’

Our Many Europes est un programme quadriennal (2018-2022) qui se compose d’expositions, de programmes publics, d’échanges culturels et patrimoniaux et d’expérimentation institutionnelle à travers la confédération L’Internationale. Le programme prend pour point de départ les années 90, la période qui a vu naître notre Europe actuelle. Il vise à réfléchir de manière spéculative sur le rôle de la culture comme force motrice pour mettre en lumière qui nous sommes et comment nous nous rapportons au monde.

L'engagement du M HKA avec l'Eurasie s'est développé au fil du temps à travers des projets tels que : All Under Heaven (2004), Europe at Large – Art From the Former USSR (2009-2011), Angels of History – Moscow Conceptualism and its Influence (2005), Santhal Family – Positions Around an Indian Sculpture (2008), ainsi que plusieurs projets externes menés par les membres de l'équipe du M HKA, comme How to Gather? Acting in a Center in a City in the Heart of Eurasia – la 6e Biennale de Moscou ¬ (2015) dirigée par Bart De Baere, et 9th International Art Festival Alanica, Vladikavkaz, Ossétie du Nord (2015) convoqués par Nav Haq, et non mentionnent de nombreux engagements, projets et acquisitions d'artistes individuels.