Edith Dekyndt — Chronologie des larmes

Les œuvres d’Edith Dekyndt proposent une réflexion sur la vitalité de la matière et la fugacité de phénomènes naturels. Son mode de création profondément intuitif s’appuie sur des expérimentations à l’issue ouverte, dont la seule constante réside dans l’impermanence. Dekyndt travaille principalement avec des objets utilitaires et des matériaux du quotidien et se concentre sur ce qui reste souvent hors champ, remettant ainsi en question l’acuité de notre perception.

L’installation Chronology of Tears (2014) se compose de trois éléments reliés entre eux. La projection de diapositives Static Light [Lumière statique] donne à voir des étincelles qui s’illuminent dans l’obscurité, une phosphorescence provoquée par le mouvement d’une couverture en laine. La vidéo Svalbard montre la même couverture et diffuse le son de l’électricité statique à travers l’espace. Tournée dans l’archipel norvégien du Svalbard, elle illustre la prédilection qu’affiche Dekyndt à s’inspirer de l’esprit des lieux qu’elle explore au cours de ses multiples voyages. En raison des conditions météorologiques extrêmes et tout à fait spécifiques, la région du pôle Nord est un environnement idéal pour l’observation des forces électromagnétiques. La couverture utilisée pour l’expérience complète finalement l’œuvre.

Après l’expérience, Dekyndt a recouvert un côté de la couverture d’une fine couche de cuivre, un métal très malléable doté d’une haute conductivité thermique et électrique. La texture douce du tissu contraste avec le reflet métallique du cuivre, conférant à l’objet domestique des propriétés sculpturales. Scintillant dans l’obscurité, comme si la couverture recueillait la lumière de la projection, elle semble immobile, mais pas complètement inerte. Chronology of Tears nous invite à nous accorder de manière nouvelle avec la composition matérielle du monde et nous invite à prendre plus profondément conscience des relations d’interdépendance et des échanges continus autour de nous.

Edith Dekyndt (1960, Ypres) vit et travaille à Bruxelles et à Berlin. Elle a étudié la communication visuelle à l’E.T.H. à Saint-Ghislain et a obtenu une maîtrise en arts à l’Académie des Beaux-Arts de Mons. Plusieurs musées, institutions et galeries ont consacré des expositions individuelles à son travail, dont la Galerie Greta Meert, Bruxelles ; la Bourse du Commerce – Collection Pinault, Paris ; la Hamburger Kunsthalle, Hambourg ; WIELS, Bruxelles ; et la 57e édition de la Biennale de Venise.