Entre ciel et terre

Myriam Rispens (Malines, 1956) n’a de cesse d’être en quête d’un « autre monde » qui nous semble à la fois étranger et extrêmement familier. Ce fut également le cas pour sa série de photos de chapelles, compilées dans le livre et l’exposition Kapel gezocht, une collaboration entre Parcum et les éditions Lannoo (2023). Le sujet de ce projet de recherche photographique pourrait être sur le point de disparaître... une espèce en voie d’extinction. Les chapelles que Myriam Rispens a trouvées en sillonnant les chemins et routes de Flandre font partie de notre environnement : nous connaissons les silhouettes de ces petits édifices aujourd’hui un peu obsolètes, qui appartiennent à notre patrimoine. Leurs formes sont ancrées dans le paysage : un toit généralement pointu, des volumes simples à dimensions humaines.

Pour son nouveau projet, la photographe s’est lancée sur les routes de Belgique pour dénicher les petits autels domestiques et les processions dédiées à celles et ceux qu’ils honorent. Cela aussi nous vient du passé. Le principe de ces phénomènes est aussi simple que la croyance populaire dont ils étaient (et sont parfois encore) la manifestation : réunie autour d’une image pieuse ou d’un reliquaire, la communauté des croyants déambule en cortège dans les rues. Ces processions sont l’occasion de sortir les bannières, accompagnées de figurants déguisés en anges ou en saints, de cavaliers, de fanfares et de modestes chars d’apparat. Celles et ceux qui ne peuvent pas se joindre au cortège installent devant leur porte un petit autel décoré, ou répandent des fleurs sur la route. Il pleut (souvent), et de temps en temps, le soleil pointe le bout de son nez.
Telle une anthropologue, Myriam Rispens capte les grandes lignes ainsi que les petits détails passant généralement inaperçus. Amoureusement, son objectif suit la chorégraphie lente et éculée de corps qui, au fil des heures, changent de forme.

Les gens se rassemblent, attendent. La procession peut démarrer.